Conte de Chine – Le Bouvier et la Tisserande

la-tisserande-le-bouvierConte de Chine – Le Bouvier et la Tisserande

L’Empereur Céleste avait sept filles. Toutes étaient intelligentes et habiles. La plus jeune était la plus douce et la plus travailleuse. Experte en tissage, on l’appelait la “Tisserande”.

Un jour, pour se reposer de leur travail, les sept créatures célestes descendirent sur terre pour se baigner dans une rivière. Au bord de l’eau vivait un jeune paysan qui faisait paître les buffles. Il vivait avec son frère aîné et sa belle-sœur. Tout le monde l’appelait le “Bouvier”. Orphelin depuis son enfance, il était en âge de se marier, mais n’avait pas encore pris femme et travaillait tous les jours du matin au soir.

Sa solitude lui avait attiré la sympathie d’un vieux buffle qui l’accompagnait tout au long de la journée. A force de passer du temps ensemble, le vieux buffle pouvait comprendre toutes les pensées du Bouvier et ce dernier comprenait aussi les paroles de l’animal. Au cours des ans, ils étaient devenus de fidèles compagnons partageant ensemble joies et peines.

Ce jour-là, après avoir labouré un lopin de terre, le Bouvier mena le buffle au bord de la rivière pour l’abreuver. C’est alors qu’il vit les sept sœurs se baigner et s’ébattre joyeusement dans l’eau. Toutes étaient fort belles, mais le Bouvier fût de suite fasciné par la délicatesse de la plus jeune. Comprenant l’émoi du jeune homme, le buffle lui dit à l’oreille :

- Va prendre la robe dorée qui se trouve près du saule, et celle que tu aimes deviendra ta femme.

Le Bouvier hésita, intimidé.

- Dépêche-toi ! répéta son ami.

Finalement, le Bouvier s’élança et saisi le vêtement près du saule.

Surprises par l’apparition de cet inconnu, les jeunes filles se rhabillèrent en hâte et s’envolèrent dans le ciel. Seule resta dans l’eau la jeune Tisserande. Le Bouvier lui ayant pris son habit, elle n’osait plus sortir. Elle attendait avec impatience, les joues écarlates, que le jeune paysan daigne lui remettre sa robe.

- Bouvier, rends-moi mes habits ! supplia la Tisserande.

- D’accord, si tu acceptes de devenir ma femme ! répondit le jeune homme en la regardant amoureusement.

Elle éprouva, tout d’abord un certain agacement face à l’insolence du jeune homme mais elle fut aussi touché par la sincérité et l’honnêteté qui se dégager du Bouvier. Elle hocha alors la tête sans mot dire.

Dès lors, le Bouvier et la Tisserande devinrent inséparable. L’homme labourait et la femme tissait à ses côtés.

Le temps passa. Quelques années après, le Bouvier et la Tisserande eurent un garçon et une fille. Un jour, l’Empereur Céleste appris qu’une de ses filles menait une vie terrestre. Furieux qu’on eût ainsi violé la loi céleste, il envoya aussitôt un génie chercher la Tisserande pour la ramener au Ciel. Contrainte de se séparer de son mari et de ses enfants, la Tisserande pleura de douleur mais dut quitter son foyer terrestre.

Le Bouvier ne se consolait pas de la perte de sa femme et les enfants pleuraient, inlassablement, après leur mère. Décidé à la retrouver, le Bouvier, portant ses enfants dans deux paniers au bout d’une palanche, partit à sa recherche. Il parcourut ciel et terre. Après avoir cheminé jour et nuit, il s’apprêtait enfin à rejoindre la Tisserande. Mais c’était sans compter sur  la femme de l’Empereur. Lorsqu’elle apprit la nouvelle, furieuse, elle déclencha, d’un geste, une tempête céleste afin d’empêcher ses retrouvailles. La rivière se mua alors en un torrent dévastateur.

Ainsi, des deux côtés de la Voie Lactée, le Bouvier et la Tisserande se regardèrent de loin, sans pouvoir être réuni. Désespéré, le Bouvier ne voulut plus quitter le bord de la rivière. De l’autre côté, la Tisserande regardait les vagues impétueuses les larmes aux yeux, refusant de tisser les brocarts célestes.

Fort ennuyé par la situation, l’Empereur Céleste accepta de faire une concession. Il leur permit de se retrouver, une fois par an.

Depuis, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire, les pies célestes forment une passerelle provisoire sur laquelle le Bouvier et ses enfants rencontrent la Tisserande.

La tristesse de leur séparation attira la sympathie de tous. Ainsi, tous les ans, le soir du septième jour du septième mois du calendrier lunaire, de nombreuses personnes contemplent le ciel et les deux constellations de chaque côté de la Voie Lactée, le Bouvier et la Tisserande. A côté du Bouvier scintillent deux petites étoiles ; on dit que ce sont ses enfants qui viennent rendre visite à leur mère.

Originally posted 2011-05-20 12:55:05. Republished by Blog Post Promoter