Pourtant, j’ai bien conscience que depuis toute petite les gens dans la rue perçoivent mes origines asiatiques puisqu’ils m’appellent “la chinoise”. Cela surprend Grand-mère qui ne me trouve pas particulièrement typée.
Je ne sais pas si cette distance avec le Vietnam est l’expression d’un rejet ou une manière de flotter entre plusieurs mondes sans en choisir aucun ?
En tout cas, je ne m’intéresse pas plus aux origines bretonnes de maman.
Ce qui est déconcertant, c’est que Grand-mère ne m’a jamais parlé vietnamien comme elle ne l’a jamais imposé à papa. Chez nous, le français est véritablement la langue maternelle.
Celle dont on comprend toutes les subtilités, celle avec laquelle nous mixons des mots ou expressions viet, et non l’inverse. C’est comme si elle avait toujours su que la transmission de son héritage culturel ne passerait pas par là. Peut-être, a-t-elle voulu éviter les contraintes et les limites d’une langue que je n’aurais maîtrisée que partiellement.
Les rares fois où Bà nội s’exprime davantage en viet qu’en français, c’est lorsqu’elle parle avec Grand-père sur Skype.
Elle me dit souvent qu’elle a un vietnamien assez succin. Partie à 20 ans, elle n’a pas enrichi son vocabulaire à travers la lecture régulière de journaux ou des livres.
<<< Élisa et le Vietnam (épisode précédent)
Originally posted 2010-12-25 15:32:14. Republished by Blog Post Promoter