Ma chère petite-fille, ton arrière-grand-père était un homme peu démonstratif. J’ai, cependant, de l’admiration pour lui. Issu d’une famille immigrante chinoise très pauvre, il est un pur produit de la méritocratie républicaine importée de France. Il achève ses études de médecine à Hanoï puis à Paris grâce à son parcours d’excellence. Il obtient les bourses d’études et aussi, vers la fin, le soutien financier de sa belle-famille.
Son origine sociale modeste jouera un rôle non négligeable dans sa carrière professionnelle. Il n’a jamais exprimé de sentiment d’amertume à ce sujet. Nommé, médecin des prisons à la sortie de l’école, il dispensera ses loyaux services dans des endroits aussi sinistres que Poulo Condore ou la prison centrale de Saïgon. Il est ensuite médecin chef de provinces pauvres tel que Go Công. Alors qu’un cousin de la branche maternelle, dont les parents étaient comme ceux de maman de riches propriétaires terriens, se voit attribué avec un simple diplôme de médecin indochinois (l’équivalent du grade d’officier de santé en France), le poste, beaucoup plus prestigieux, de médecin chef dans la riche province de Cân Tho.
A croire que l’égalité devant le savoir reste alors plus un mythe qu’une réalité !
Sauvage et réservé, mon père a toujours gardé une certaine distance avec sa famille et sa belle-famille. Nous ne recevions quasiment jamais et participions rarement aux rassemblements familiaux.
>>> La famille de Bà nội (suite)
<<< Le culte des ancêtres (épisode précédent)
Originally posted 2010-12-28 18:01:05. Republished by Blog Post Promoter